In Solitudine Cordis
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In Solitudine Cordis

Avance dans la lumière des ombres, jeux de poussière et de temps, d’illusions et de larmes… Je vous souhaite de merveilleux rêves.
 
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 ~ Archives de Nocte : Seconde Partie

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AuteurMessage
Eowin Roslyn
Fondateur

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Eowin Roslyn


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~ Archives de Nocte : Seconde Partie Vide
MessageSujet: ~ Archives de Nocte : Seconde Partie   ~ Archives de Nocte : Seconde Partie Icon_minitimeMar 16 Fév - 0:41

  • Lettre de Benjamin Wellington à Sarah Bellonh.
    Retrouvée dans les vêtements de Mr. Wellington dans le bois de Dögun.



    ~ Archives de Nocte : Seconde Partie Lettre10


    11 février 2108

    Voici enfin le début de mon voyage ! J’inaugure ce journal par un contentement certain. On m’a bien demandé d’y consigner toutes mes pensées, aussi suis-je à la tâche depuis que j’ai embarqué, pour me bien clarifier les idées. Cela faisait dix ans que je n’étais pas venu sur l’île. Après l’Implosion, il m’a semblé qu’il était bon de revenir vérifier si les biens que j’avais acquis ici s’étaient dégradés, si j’avais perdu quelque chose de précieux, si la maison que m’a légué ma grand-tante a été détruite par la force du séisme. Les pôles ont été bien touchés, et les îlots en général ont subis le même sort que l’Atlantide lors du cataclysme. Englouties, noyées dans les flots, le tiers des îles de la planète n’avaient plus été qu’un souvenir en quelques heures. Pas même le temps d’évacuer les gens. Curieusement, alors que la plupart des îles alentours avaient été submergées, j’avais appris que Nocte était intacte. Et quand je la revis pour la première fois depuis dix ans, ne restait alentours que l’océan, et des roches dans l’eau, souvenirs des dernières terres, qui empêchaient l’accès à l’endroit par bateau. Les hélicoptères étant rares et ayant tous été réattribués à l’armée extérieure, je n’avais pu obtenir une place dans celui-ci qu’en me montrant très docile envers mon supérieur hiérarchique. C’est ainsi que je vais bientôt débarquer. J’apprends du copilote avec qui j’ai longuement discuté qu’à Nocte, rien n’a véritablement bougé. Pas un souffle d’air n’a tremblé, parait-il, alors même qu’un îlot, à trois kilomètres au nord, a été englouti sans plus de manières par des flots titanesques ; la population avait contemplé cela des rives, vaguement inquiète. Mais voilà que l’on arrive : je reprendrai plus tard.

    Le même jour.

    Ah, que les gens n’ont pas changé ! Là est le commun des villes et villages isolés ; leurs habitants sont ternes et bien souvent peu accueillants. D’ailleurs ce fut la première chose qui me frappa en arrivant ; les regards mauvais des gens qui se braquaient sur moi. J’ai remarqué aussi leurs communes manières de porter au cou une croix qui n’avait pas de sens à mes yeux. J’essayais aussitôt d’en découvrir l’origine ; je n’ai jamais eu souvenir d’une telle caractéristique. Mais les gens de Nocte ne sont pas des plus sociables et il me fut impossible d’amener le sujet sur le pendentif. Une femme s’offusqua même lorsque j’osais le montrer du doigt, aussi ne disais-je plus rien. Sémillant premier jour ! Allons, le devoir m’appelle car il me faut prendre mes fonctions au sein du laboratoire. Après quoi, j’irai dans mon ancienne demeure.

    13 février

    Deux jours sont passés, et je n’ai pas même eu le temps de me rendre chez moi. Le Chef du projet scientifique s’est montré plus qu’amical et a bien insisté sur le fait que je devais rester au dortoir, car selon lui, le village n’est pas sûr et je risquerais de tomber sur quelques mauvaises gens. Il y a fort à faire ici, car un matériel neuf a été livré et si je ne sais encore de quoi il s’agit, je pense que le coffre immense aperçu par hasard a à voir avec le projet qui va m’être confié mais dont j’ignore encore tout. En attendant que tout soit monté, je trie divers ADNS et les reconstitue. Cela m’occupe beaucoup mais je ne sais si cela est vraiment utile.

    17 février

    Je sais enfin quelques anecdotes au sujet du projet nouvellement monté, nommé CHIMERE. Cela paraît une bien audacieuse entreprise, et quiconque lirait ces mots me prendrait pour fou. Il paraîtrait qu’existe un Deuxième Monde, et que le but de la recherche soit de rapporter une preuve de la réalité de ce lieu. Plus inconcevable encore, les boîtes aperçues il y a quelques jours sont en réalité des Coffres de Transferts, qui serviraient à détacher l’âme du corps pour plonger celle-ci dans le Deuxième Monde et faire observer à l’esprit voyageur les caractéristiques de l’endroit qui, dit-on, apparaît différent à chacun de nous ! N’est-ce pas plus qu’absurde ? Je tacherai d’en savoir plus mais pour le moment, l’idée d’une vérité dans tout ceci m’amuse, et je ne suis guère le seul. Les nouveaux recrutés pensant comme moi, mais ceux étant là depuis quelques temps paraissent bien graves et austères ; bah, j’étudierai plus les mystères de l’affaire et ferai mon rapport.

    26 février

    Que de jours sans écrire, j’en ai oublié ma tâche. C’est qu’ici le temps est compté. Nous sommes encore en hiver et les journées sont bien courtes ; le Chef de projet a la bien curieuse manie de faire cesser toutes les manœuvres et recherches une demi-heure exactement avant le coucher du soleil, malgré nos protestations. Il disparait alors et l’on ne le voit plus jusqu’au lendemain ; curieux bonhomme, mais néanmoins attentif, et, s’il est peu bavard, il corrige et remet dans le droit chemin les égarements de tous avec une promptitude qui laisse admiratif. Non, il n’y a rien à redire de cet homme-là, sinon que je n’aime pas bien croiser son regard. Mais il y a plus important ; j’ai encore des nouvelles folles sur CHIMERE ; on m’a bien expliqué à présent, qu’il se trouve dans le Deuxième Monde des esprits, fantômes ou je ne sais quelles autres âmes dépourvues de chair, et qu’il en faudra capturer. Impensable ! D’où sortent ces fous ? Mais ils en parlent tous avec tant de fermeté et d’assurance que je suis tenté de les croire… Ils emploient encore des termes qui ne me disent rien, mais que j’apprendrai sans aucun doute bientôt à connaître.

    1er mars

    Ah, il est important de citer cette journée : en réunion avec quelques collègues, nous parlions de ces « esprits » et je me suis fait reprendre par le Chef de Projet. Il n’avait pas l’air de plaisanter et m’a suggéré, devant mon incapacité à m’expliquer, une gageure. Je me suis vu proposer alors l’une des premières places pour le Deuxième Monde, afin que je sois assuré que le projet n’avait rien d’impensable… J’ai évidemment accepté, par défi et curiosité, mais je me demande si j’ai bien fait à présent. L’on dit que les cobayes humains manquent, et l’on n’a pu rien me dire sur les essais précédents. Je crois être allé un peu vite en besognes.

    6 mars

    Tout est prêt : je dois effectuer le fameux voyage demain à la première heure. Je suis assez impatient maintenant, car le Chef de Projet m’a assuré qu’il ne m’aurait pas proposé une telle expérience s’il ne pouvait se montrer garant de ma sécurité. Je m’aperçois aussi que j’ai tout oublié de l'extérieur, et que le Laboratoire est mon seul environnement. Il faudrait que je sorte sur l’île, voir ce qui a changé pour faire une brève comparaison avec mes quelques souvenirs. Il semble que je serai épuisé après ce périple, aussi ne mettrai-je à exécution cette nouvelle entreprise que bien plus tard, comme on dit, nous verrons cela en temps voulu.

    Le même jour.

    Ah, le Chef de Projet m’a même proposé de faire le voyage avec moi, afin que nos esprits se retrouvent par delà le Deuxième Monde. En vérité, c’est un homme charmant.

    13 mars

    L’assombrissement a gagné mes jours. Je peine à me nourrir et je ne sais plus marcher. D’ailleurs, je ne parviens presque pas à taper les lettres de mes mots et je ne le fais que parce que je n’ai nul autre endroit où conter ce que j’ai vu. Les visites me sont interdites, et je suis enfermé, littéralement, dans une chambre blanche où je n’ai que mon lit. Qu’est-ce donc que ce cauchemar ? Un cauchemar éveillé qui empire dans le sommeil. Je les revoie toujours. Je les revoie tous. Ils me guettent et m’observent, me torturent et s’en amusent. Ce sont des démons décharnés, noirs et comme dévorés par le feu aux figures tordues, dénaturées et parfaitement immondes. Chaque instant de mon passé mis à nu, ouvert et incisé, tous les moments de douleurs repassés encore et encore...contre mon gré. J’ai vu tous ceux que j’aimais mourir dans d’atroces souffrances. Je me suis vu me baigner dans leur sang et leurs larmes, les éventrer pour mieux gober leur chair. Les esprits m’ont dits leur nom. Ils sont les Maudits, les Maudits de notre monde, et le Chef de Projet n’est rien d’autre là-bas que leur matrice, leur guide, leur juge. On le nomme l’Illusionniste, et il m’a dit avoir accès à toutes mes pensées désormais. Je suis devenu ce qu’il appelle un donneur de rêves. Il m’a bien tout expliqué, là-bas, en assignant le silence à ces créatures. Lui-même était d’une apparence encore humaine, mais il a seulement dit que c’était pour m’épargner sa vue. J’ai reçu en ma conscience un Maudit. Il me hantera, et me poussera au suicide pour que je lui fasse don de mon enveloppe charnelle qui le rendra palpable et tout à fait humain, libre de circuler à souhait dans notre monde. Je suis fou. Je désespère. Il ne m’est pas encore apparu, le fera quand bon lui semblera mais je perds déjà l’esprit. On m’a même attaché hier, et j’étais en proie à un délire si intense que je me suis lacéré les veines ; je n’en ai pas une seconde le souvenir mais les traces sont bien là. Le voyage n’a duré qu’une heure, mais il m’a paru long de plusieurs existences et je me souviens de chaque détail. Le repos m’est absolument impossible. Mon Dieu, qu’elle se manifeste, cette créature ! Et qu’enfin il me soit donné de la voir !

    27 mars

    Je l’ai vu enfin. Il s’est présenté à moi sous la forme d’un homme. Au début, il a eu peine à parler, et s'est contenté de me regarder longuement avant de me faire entendre sa voix au bout de quelques heures. Il a l’air agréable, sympathique même. Je ne sais plus quoi penser. Mes nuits sont plus tranquilles, mais je ne mange encore qu’à peine et suis nourri par perfusions. Il y a des infirmières et des médecins qui viennent parfois, mais personne ne peut le voir hormis moi. Il me parle parfois. Il m’a demandé l’autre jour comment j’allais. Il sait tout de mon âme et je n’ai aucun secret pour lui. C’est à peine si je puis lui cacher mes pensées, parce qu’il les voit dans mes songes lorsque je dors. Parfois il fait de mon imaginaire un chaos désastreux mais ne manque pas m’éveiller peu après. Ma condition aurait pu être pire. Il dit qu’il sera gentil avec moi. Mais quand je lui demande s’il me tuera, il sourit et dit qu’il faut d’abord que je marche. Parfois, il a des moments d’absences mais dès que je l’appelle, il est là. Je profite de mon impression de solitude pour écrire un peu. Mais j’ignore s’il se masque seulement à mes yeux ou bien s’il est parti ailleurs.

    29 mars

    Je guéris. Je vais mieux. J’apprécie la compagnie de Shaï. Il me raconte son monde. Je peine à écrire mais j’ai pourtant envie de me lever. C’est drôle, j’ai l’impression qu’on m’appelle.

    4 avril

    Je suis sorti de l’hôpital, enfin. Shaï est toujours là, papillonnant sans cesse autour de moi. Il me donne l’impression d’être un enfant. Je lui ai demandé la permission de quitter l’enceinte, et après son accord, j’ai eu celui du Chef de Projet. Je sais bien qu’il ne me laisse pas faire sans raison, mais j’ignore encore tout. Il faut que je sorte, c’est tout.

    Le même jour.

    Je suis chez ma tante, Shaï m’a montré beaucoup de choses sur Nocte. Il ne connait rien au monde humain et ignore tout de notre langage. En fait, j’ai l’impression que même si d’autres pouvaient l’entendre, ils ne le comprendraient pas. J’ai remarqué que lorsqu’il s’éloignait trop, il perdait comme consistance. Moi, je n’arrive pas à m’éloigner de lui.

    7 avril

    Je ne retourne plus au laboratoire et ai posé un congé. Le Chef de Projet n’avait pas l’air étonné, il a juste secoué la tête en souriant d’un air étrange, et je crois qu’il a pu voir Shaï. Celui-ci paraissait tout excité de le croiser, et il m’a expliqué ensuite que même sur notre monde, il restait à ses ordres. Shaï m’a emmené dans les landes de l’île, mais nous ne nous y sommes pas attardés. Il y avait quelque chose que mon Maudit n’aimait pas. Moi, j’étais comme attiré... Il m’a parlé des Bénis, des esprits contraires à lui qui me voudraient du mal. Je n’ai pas compris, mais j’aimerais en croiser un.

    9 avril

    Je suis retourné aux landes contre la volonté de Shaï, qui m’a même frappé. Je n’ai pas faibli pourtant et j’y suis allé ; j’ai failli en mourir. Le Béni que j'y ai vu est l’une des plus belles créatures que j’ai pu croiser. Il m’est apparu sous forme humaine, comme étincelant, on eut dit un Ange. Il parait, selon mon Maudit, qu’ils ont pourtant d’autres visages plus laids, mais je n’imagine pas l’horreur dans une telle perfection. D'une douceur et d'une tendresse peu commune, il a dit me prendre sous sa protection et je n’ai pu rien répondre, j’étais trop subjugué. Shaï s’est effacé sitôt que l’autre est apparu, non par peur a-t-il dit, mais parce qu’il se trouvait quelques faiblesses. D’ailleurs, à ce moment, je l’ai senti puiser sa force en moi, si bien que j’ai été assailli de visions noires appartenant à Shaï durant un moment. Quand j’ai repris mes esprits, le Béni m’avait mené au bord de la falaise sans que je ne le vis, et mon Maudit se matérialisa aussitôt pour le repousser et m’empêcher de tomber. J’étais épuisé, et tombais dans le coma : à mon réveil, j’étais chez moi et j’appris que mon Ombre m’avait ramené. Je voulus savoir pourquoi le Béni avait voulu me tuer et il m’expliqua d’un ton doucereux que l’autre avait voulu ma mort afin que Shaï ne puisse, en me poussant au suicide, utiliser mon corps. Je commence à être épuisé de l’existence, et souhaite en secret que le Béni m’eut tué ; ainsi je n’aurais pas à formuler ces mots.

    16 avril

    Je n’ai pas pu écrire depuis l’autre jour. Mon état à de nouveau empiré. Depuis notre rencontre avec le Béni, Shaï ne me laisse plus de repos. Il me harcèle et m’exempte aux sorties alors que je peine à marcher. On me dit fou ! Je sens les regards qui fuient ma présence et n'ose plus m'avaenturer au dehors le jour, car les gens de Nocte sur mon passage lèvent leurs croix. Et moi, cruellement pressé entre les soupçons injustes et la vérité plus cruelle encore, je ne peux que me taire et contempler sans un mot ma déchéance.
    Chaque nuit est une horreur et je crois replonger, entraîné par mon Maudit, dans son Monde. J’ai l’envie de me rendre quelque part, mais je ne sais bien ou ; quelque chose pourtant m’attire. Plus de lendemains, plus de lendemains. Triste monde…
    Qu’enfin je meurs, car déjà je n’en puis plus.

    17 avril

    Je vais écrire à Sarah qui m’attend sur le Continent et lui enverrai mes notes. Aujourd’hui, m’a dit Shaï, nous irons à Simmer Dim. J’ignore tout du lieu, si ce n’est que le nom m’est étrangement familier et que l’entendre de mon Maudit m’a fait sursauter le cœur. Je crois que je vais mourir. Adieu, il est temps.


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<< Le dernier acte est sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le reste ; on jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais. >>

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